Ghana : Cape Coast ou la porte du non-retour des esclaves
Les conseillers stagiaires de l’ISTIC (Institut des Sciences et Techniques de l’Information et de la Communication) ont visité ce 17 juillet 2022, Elmina Castle, le plus vieux château qui a servi à la traite négrière en Afrique de l’Ouest. Il est situé à Cape Coast au Ghana, à 200 kilomètres à l’Ouest d’Accra. Même si les stagiaires au départ ont été déçus de la façon dont les esclaves étaient maltraités dans ce fort, ils ont tout de même retenu la leçon selon laquelle, cette histoire doit donner plus de force aux jeunes Africains pour réécrire leur histoire pour la postérité.
D’abord exploité par les Portugais, avant d’être conquis par les Hollandais, le fort de Cape Coast a servi à la traite négrière. Les esclaves y sont convoyés et ensuite répartis dans deux cellules différentes, appelées donjon. Une réservée aux hommes et une autre aux femmes, selon les explications du guide Robert Kugbey Castle. Les Noirs capturés et emprisonnés dans ces cellules doivent rester pendant 10 à 12 semaines avant l’arrivée des bateaux à voile.
Château des esclaves de sexe masculin ou le four crématoire
Ils sont 600 esclaves hommes à séjourner pendant des semaines dans cette cellule. Ils sont enfermés dans leur cellule, sans soleil et air pur. C’est chaque deux jours qu’ils avaient droit au repas, explique le guide Robert Kugbey Castle, également directeur du musée Elmina Castle.
Une fois dans la cellule, les esclaves sont identifiés par un marquage au fer chauffé à blanc. La cellule réservée « aux esclaves mâles » conduit directement à la « Porte de non-retour ».
Château des esclaves de sexe féminin ou le hall de la misère
Les esclaves de sexe féminin avaient aussi leur porte d’entrée. « A la différence des esclaves males qui sont accueillis dans une cellule exiguë, les esclaves femmes sont regroupées sous le hall du château du gouverneur Saint Georges», explique le guide. Elles étaient nourries là et y faisaient également leurs selles.
Au nombre de 400, elles étaient non seulement maltraitées, mais aussi utilisées comme objets sexuels au profit du gouverneur. L’esclave qui est choisie par le gouverneur reçoit d’abord une douche publique avant d’être conduite dans la chambre du maitre des lieux, note Robert Kugbey Castle.
A Elmina Caslte, sur 5 millions d’esclaves, 2 millions sont morts
Les femmes esclaves étaient identifiées par la chaine au cou, avant d’être embarquées dans le bateau du non-retour. Une autre issue reliait le hall des femmes à l’unique porte d’accès au bateau, informe le guide. Dans chaque bateau, il y a au total mille esclaves qui sont convoyés en Amérique.
Pendant cette période de traite négrière, « plus de 2 millions d’esclaves passant par Elmina Castle sont morts. 3 millions ont rejoint l’Amérique. Pour le continent africain de façon générale, l’on enregistre environ 210 millions d’esclaves transportés dans le nouveau continent, pour travailler dans les plantations », confie le guide du jour.
Après la visite du fort, les conseillers stagiaires de l’ISTIC, à l’image de Aleric Diallo, disent avoir reçu des enseignements sur l’histoire réelle de l’esclavage à Cape Coast. « La traite négrière nous rappelle que l’humain doit être au cœur de toute action. Nous devrions valoriser l’homme quelle que soit sa race et mettre l’humanité en avant », retient-il.
Pour rappel, c’est en 1482 que le château a été construit par les Portugais. C’est en 1500 que ces derniers ont commencé la traite négrière dans ce château. Mais en 1637 les Hollandais ont retiré de force ce château pour la traite des Noirs. Depuis 1979, ce fort est classé dans le patrimoine mondial de l’UNESCO.
Carine DARAMKOUM
Isidore GNADA
Conseillers stagiaires de l’ISITIC.
En savoir +